« Jaurès et le Ségala »
par Max Assié
Conseiller pédagogique retraité
Ancien Maire de Tanus (Tarn)
Secrétaire de la Société des Sciences Arts et Belles-Lettres du Tarn
Après la présentation du conférencier par notre président Rémy Pech , Max Assié a tenu à rappeler , en introduction , ce qu’était le Ségala : une terre à seigle qui s’étend à l’ouest de l’Aveyron et au nord du Tarn .
Sur ces terres du Ségala s’étendait la circonscription électorale de Jaurès , 2° circonscription d’Albi constituée par 5 cantons : le canton de Carmaux ( mi-rural , mi-industriel ) et 4 cantons exclusivement ruraux , Monestiés , Pampelonne , Valence d’Albigeois et Valderiès . Ces 4 cantons ruraux étaient peuplés de petits exploitants agricoles aux revenus insuffisants qui devaient aller chercher un complément de ressources en se faisant , par exemple embaucher aux mines de Carmaux . Cette population était très chrétienne et religieuse .
Jean Jaurès rencontre fréquemment la population de ces cantons ruraux , pendant les campagnes électorales , lors des compte-rendu de mandat et des foires mensuelles . Il tient des réunions publiques dans les villages et celles-ci donnent lieu , parfois ,à des confrontations musclées avec les hommes de son principal opposant le marquis de Solages .
Jean Jaurès a été 7 fois candidat aux élections législatives : janvier 1893 , août 1893 , 1898 , 1902 , 1906 , 1910 et 1914 .
Seul le canton de Valderiès ne lui a jamais donné la majorité . Sauf en 1898 Jaurès a toujours été majoritaire à Carmaux . Mais il a été minoritaire à plusieurs reprises dans les 4 cantons ruraux ( 1893 , 1906 et 1° tour de 1910) .
La campagne électorale est toujours très animée , parfois violente : bataille rangée à coups de parapluies à Mirandol en 1898 , tocsin et concert de casseroles , toujours en 1898 , bagarres entre « Jauressistes » et » marquisards » en 1902 ou jets d’œufs couvés en 1906 .
Lors du 5° congrès national de la SFIO ( Toulouse , du 15 au 18 octobre 1908 ) Jean Jaurès a résumé à la tribune le contexte très difficile dans lequel se déroulaient ses déplacements en milieu rural dans le Ségala :
» Lorsque je vais sur ces chemins et que je suis assailli , matériellement assailli , non par les huées , mais par les bâtons , par les pierres , par les embuscades qui me guettent derrière les haies et derrière les buissons d’où surgissent tout à coup des figures sauvages , lorsque je suis guetté par les gens de la mine , par les gens du château , par les gens du presbytère . . . »
Après la traditionnelle séquence questions – réponses entre le public et le conférencier la soirée est close .